LES CLOCHES DE MOUSSAGES

EXTRAIT DE L’AUVERGNE LITTÉRAIRE  1926 via  » Regards et vie d’Auvergne  »

Poème d’hélène Chaumeilles-Moulier 1925



 

Intimement mêlée aux parfums du terroir

Dont s’enivrent nos bois, nos prés et nos villages,

Dans l’air pur du matin ou le calme du soir

S’égrène la chanson des cloches de Moussages.

 

Au fond du cœur de ceux, qu’enfants, elle a bercés,

Elle garde toujours, la chanson gaie ou triste, 

De leur foyer natal et des jours effacés,

La très douce tiédeur d’un reflet qui persiste.

 

Notre bourg voit troubler son calme habituel

Quand nos cloches gaiement annoncent la grand’messe,

Et de tous les hameaux, à leur vibrant appel,

Par les chemins pierreux vers l’église on se presse.

 

Puis voici le grand jour… la saint-Barthélémy

Dont l’été finissant nous ramène la fête…

Leur voix, pour honorer le protecteur ami,

Ébranle et fait trembler le clocher jusqu’au faîte.

 

Noël… Le rude hiver… La Messe de Minuit !

Cloches, que vos accents soient le joyeux cortège

De ceux qui, bravant l’ombre et le froid de la nuit,

S’en vont, lanterne en mains, et tout poudrés de neige !

 

Que ce soit vous aussi qui plus tard assistiez

Au seuil de leur trépas, dans un adieu suprême,

Tous ceux pour qui, jadis, longuement vous tintiez

Lorsqu’on versait sur eux l’eau sainte du Baptême !

 

J’évoque nos guerriers, les pauvres petits gars

Dont le lieu de repos est le champ de bataille,

Et que n’a pas suivi le lent et triste glas

Quand leurs corps sont tombés, percés par la mitraille !

 

Je songe aux exilés de leurs pays natal, 

Qui bien loin sont partis et, riches ou modestes,

Achèveront leur vie en quelque endroit banal

Oubliant leur Auvergne et ses beautés agrestes.

 

Le rêve que pour eux, dans mon cœur, je traduis

C’est qu’a l’heure où la mort glacera leurs visages,

En face l’horizon de la Chaîne des Puys,

Ils dorment aux accents des cloches de Moussages.

Moussages , petit village à proximité de Trizac,  possède une église qui a conservé le choeur et le chevet de style roman. On remarque à l’intérieur la très belle vierge en majesté Notre Dame de Claviers, André Malraux lui avait fait une place de choix dans son Musée imaginaire ainsi qu’une remarquable croix en pierre.
A l’extérieur, les modillons du chevet parfois impudiques attirent le regard. A quelques kilomètres en direction de Mauriac une visite s’impose sur le site de Jailhac qui domine la profonde vallée du Mars, dans ce lieu empreint d’une grande sérénité s’élève une petite chapelle qui abritait autrefois la vierge de Claviers. (Cantal passion)

 

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