EXTRAIT DES MEDIATHEQUES ET BIBLIOTHEQUES DE CLERMONT COMMUNAUTE
HENRI POURRAT
Le conteur d’Auvergne
Henri Pourrat naît à Ambert (Puy-de-Dôme) en 1887. Après le collège, il part à Paris pour rejoindre le lycée Henri IV et est admis en 1905 à l’Institut national agronomique. Mais malade – il est atteint de la tuberculose – il doit quitter la capitale pour retourner en Auvergne auprès de sa famille. Cette année au lycée Henri IV sera finalement son plus long séjour hors de son pays natal, qu’il ne quitte plus que pour de courts et rares déplacements.
De retour dans la région d’Ambert, il doit s’imposer une vie calme et régulière qu’il organise autour de ses lectures, de ses promenades et de son travail d’écrivain.
Il produit une œuvre abondante et diverse, allant des poèmes de jeunesse aux essais philosophiques, en passant par des romans, contes ou biographies. Cependant, même après avoir reçu plusieurs distinctions littéraires au niveau national (prix Figaro, prix roman de l’Académie française, prix Goncourt), il demeure fidèle à l’Auvergne, cadre de la presque totalité de ses écrits, et meurt en 1959 dans la ville qui l’a vu naître soixante-douze ans plus tôt.
La collecte de la culture populaire
Pendant cinquante ans, Henri Pourrat sillonne lors de ses randonnées les monts du Livradois et du Forez autour de sa ville d’Ambert. Il va à la rencontre des habitants et leur fait raconter les légendes et les contes qu’ils ont eux-mêmes entendu rapporter, leur fait chanter des airs traditionnels. S’il ne prend pas des notes devant les habitants – il affirme que cela les déstabilise – il transcrit par la suite le plus fidèlement possible toute cette documentation orale. Si besoin, il se fait aider par son ami Régis Michalias (1844-1916), pharmacien à Ambert, qui traduit en français les textes transmis en occitan. Enfin, il n’omet pas de préciser le nom de son informateur, son âge, sa profession et le lieu de la collecte, suivant les conseils du célèbre ethnographe Arnold Van Gennep avec qui il a correspondu.
Pour compléter ces sources orales, il recueille des articles dans la presse d’information régionale ou spécialisée : faits divers, chroniques littéraires, documentaires, éphémérides… Il échange abondamment avec d’autres intellectuels auvergnats intéressés par le folklore qui lui envoient des récits ou des critiques (Claude Dravaine, Alix de Lachapelle d’Apchier…). Par ailleurs, en écho à ses propres publications, notamment sa chronique du « conte du jeudi » dans La Montagne, il reçoit de nombreuses lettres de lecteurs ou amis, qui désirent lui apporter une contribution.
Durant les années scolaires 1926 à 1928 et 1937-1938, il s’approche de l’inspecteur d’académie et propose des sujets de rédaction à différents instituteurs afin de récolter auprès d’enfants de 10 à 17 ans des récits traditionnels auvergnats. Plus de 350 copies d’élèves ont ainsi été sauvegardées.
L’ensemble de cette collecte a servi de matière à sa dernière grande œuvre, Le Trésor des contes (1948), vaste compilation de 13 volumes et de plusieurs milliers de contes recueillis et réécrits par lui. Parlant de ce travail, le professeur Bernadette Bricout écrit que « peu d’écrivains ont mis leur talent au service de cette longue et patience œuvre de collecte. En France, le travail d’Henri Pourrat n’a pas d’équivalent ». Ce produit de la collecte place les archives d’Henri Pourrat au croisement de la littérature, de la linguistique, de la musicologie, de la géographie et de l’ethnologie.
