C. GANDILHON GENS D’ARMES – SAINT-FLOUR CITE DU VENT

POEME DE CAMILLE GANDILHON GENS D’ARMES
Salut à toi, Saint-Flour, âpre cité du vent !
Ce vagabond de la planèze désertique
T’aime d’un vieil amour farouche et décevant,
O guerrière qui meurt sur ton roc basaltique.
Depuis les sombres soirs jusqu’au soleil levant,
Il rôde aux carrefours, ton amant fantastique.
N’entends-tu pas claquer, lorsqu’il va s’énervant,
Aux angles de tes murs, son manteau frénétique ?
N’entends-tu pas sa voix brutale et ses sanglots
Et sa plainte pareille à la plainte des flots ?
Ah ! C’est qu’il t’a connue au temps où tu fus belle.
Et dans le plein orgueil de ton rude destin
Lui qui ne vieillit pas, s’afflige à ton déclin ;
Le Vent pleure à jamais ta gloire, ô Citadelle !
Puisqu’on l’oublie, eh bien ! Je la dirai, ta gloire,
Sentinelle perdue, indomptable cité,
Vingt sièges, cent assauts jalonnent ton histoire,
Ce miracle d’Auvergnate ténacité.
Anglais sournois, routiers surgis par les nuits noires,
Bandits, barons pillards, huguenots révoltés
T’ont forgé, maille à maille, un collier de victoires,
Non, pas une défaite, et pas de lâchetés !
Ton air salubre était irrespirable aux traitres.
Tu gardais pur le sang des Celtes, tes ancêtres ;
Nul ne te prit jamais de force, que le vent !
Comme un lac montagnard qu’emplit l’eau des orages,
La coupe de tes murs débordait de courages,
Saint-Flour ! Je te salue, âpre Cité du Vent !
 

Biographie  ci-dessous avec  l’aide  très précieuse de l’ouvrage du Majoral Noël Lafon  Ecrits occitans cantaliens , de Wilkipedia et autres documents.

 

Camille Gandilhon Gens d’Armes est né à Murat le 2 février 1871 mais a vécu son enfance à Lavigerie . Son père était un terrien autodidacte qui avait constitué une bibliothèque de près de 800 ouvrages.

Après ses études primaires et secondaires , il intègre le prestigieux lycée Henri IV où il a pour condisciples , notamment , Alfred Jarry et Charles Péguy et pour professeur Henri Bergson. Il fréquente le quartier latin et approche Verlaine ,Paul Fort , Appolinaire. Il poursuit ses études supérieures de lettres à Clermont , Bordeaux , Paris et Berlin ,  puis devient professeur à l’ESC de Paris puis attaché à l’agence Reuter de Londres . Il avait de solides connaissances en anglais , allemand , et en droit. Pendant la guerre de 14 il fût interprète militaire de réserve. A la fin de la guerre il devient secrétaire-traducteur et interprète au conseil municipal de Paris jusqu’à sa retraite en 1936. Il conserve alors  son domicile  parisien de la rue Malebranche mais passe ses vacances en Auvergne . En 1940 il s’installe définitivement dans la belle maison qu’il vient d’acquérir à Laroquevieille , hameau de Vercuères , où il accueille ,  avec son épouse Jeanne , enfants et petits-enfants.  Il est décédé à Bordeaux le 22 juillet 1948 suite à une opération chirurgicale.

Il a fait de très importantes traductions de l’allemand et de l’anglais. Attiré très tôt par la poésie , il composa de très nombreux poèmes qu’il fit paraître dans revues et journaux divers dont la Veillée d’Auvergne -il a contribué à son lancement – et la Croix du Cantal. Il est l’auteur de deux recueils ; les Poèmes Arvernes publiés en deux tomes en 1927 et 1932, primés par l’Académie des jeux floraux de Toulouse et couronnés du Grand Prix de poésie Fabien Artigue.

Il était un conteur et un orateur de grand talent. Il connaissait la langue d’Oc qu’il avait appris enfant. Critique littéraire il fait connaître dans la Veillée d’Auvergne les études régionalistes et y lance un appel pour la création d’une maintenance félibréenne d’Auvergne.

Il écrit une multitude d’articles et cosigne des ouvrages avec ses amis Victor Fonfreide -peintre de l’école de Murol – Henri Pourrat et Jean Aljabert.

Durant 25 ans ans il tiendra une chronique littéraire dans l’Auvergnat de Paris faisant la promotion des œuvres de l’Auvergne au sens large , inséparable du Limousin , du Rouergue et du Quercy.Il y encourage les jeunes talents : Henri Pourrat , Raymond Cortat, Marie-Aimée Méraville et Alexandre Vialatte .

Avec le compositeur Joseph Canteloube il a sauvegardé de nombreux chants du folklore auvergnat : Le Chant des auvergnats et des chants et danses pour la Bourrée de Paris, dont il fut l’un des promoteurs et qui lui doit son nom.

L’écrivain Félix Bonafé a dit à son sujet : « Quand il déclamait, sa voix résonnait comme un cor. Dans ses récitations, pas un seul vers n’échappait à l’auditeur. Trois figures se distinguent de lui :
- Le critique : François Raynal estimait son œuvre à 25 volumes : lecture et critique de toutes les œuvres régionales. Grâce à lui L’Auvergnat de Paris se fit le dépositaire des archives du régionalisme. Aux côtés de la famille Bonnet, il a hautement contribué à défendre la grande cause auvergnate.
- Le moraliste : son œuvre porte le témoignage des grandes vertus humaines. Il est chrétien, ancestral, chevaleresque, patriote. Il aime la famille et le travail.
- Le poète : sa production poétique fut celle d’un patient ouvrier. On croirait ses sonnets classiques burinés dans le basalte de ses montagnes.

Le concernant , les épithètes n’ont pas manqué : barde, héraut de l’Auvergne , chantre de la montagne cantalienne , arverne capital……………..

Il est enterré dans le cimetière de Lavigerie . Une plaque sur sa tombe rapporte ses derniers mots  Mes chers enfants quand je mourrai ramenez-moi où sont morts tous les miens , là haut sur la montagne . Je veux mon humble église et l’agreste horizon où ma race a suivi la marche des saisons .

Son buste réalisé par le sculpteur Jean Marie Camus se trouve sur une petite place à proximité de la cathédrale de Saint-Flour.

 

 

 

 

 

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