Pierre Célestin DELRIEU , Auvergnat , Professeur , Félibre , Ecrivain , Aviateur

Ce texte est composé d’extraits du chapitre consacré à Pierre Célestin Delrieu par Noël Lafon , majoral du félibrige , dans son excellent ouvrage

                                                                                                            »ECRITS OCCITANS CANTALIENS  »

 

« Pierre-Celestin Delrieu est né en 1915  à Claveirette , commune de Sainte Marie (voir plus bas la photo de l’église avec deux  vitraux signés Cocteau)  , au dessus de Tréboul et des gorges de la Truyère , de parents paysans dans la commune de Pierrefort. L’occitan est sa langue maternelle . Après avoir découvert le français à l’école , il fait de brillantes études au petit séminaire de Saint-Flour puis à Saint Eugène à Aurillac. Après le bac , pour payer ses études il donne des cours particuliers et enseigne à Clermont où il passe sa licence de lettres et de grammaire et devient professeur certifié. A l’arrivée de la deuxième guerre mondiale , volontaire pour servir dans  l’Armée de l’Air il est formé à Mérignac et Toulouse . Il travaille quelques semaines au contrôle postal à Clermont puis part enseigner à Rabat où il rédige son mémoire de diplôme d’Etudes Supérieures qu’il soutient à Clermont en 1942.

De nouveau mobilisé de 1943 à 1945 , il poursuit sa formation d’aviateur . En tant que second pilote il participe (26 missions) aux bombardements conduits depuis le sol anglais sur l’Allemagne.

Il évoque cette période dans Feu du ciel feu vengeur récit documentaire ( voir extrait dans le site ci-dessous.)

Démobilisé en 1945 il devient professeur de Lettres et Grammaire à Grenoble où il passera 36 ans exerçant également à l’Ecole des Pupilles de l’Air et à l’Institut de Formation aux Professions du Bâtiment et à l’IUT Génie Civil.

Il s’est porté volontaire pour servir quelques mois en Algérie en 1956 . Colonel de réserve , breveté commandant d’avion et officier d’état major , il était titulaire de nombreuses décorations dont celle d’Officier de la Légion d’Honneur.

Le Félibrige fût sa s econde famille . Il est élu majoral en 1982

Pendant 21 ans Pierre Célestin Delrieu fût le Président de l’Amicale des Arvernes de Grenoble qui généra le très dynamique  groupe folklorique des Arvernes de Grenoble qui peu à peu fût organisé en École félibréenne. Ces deux associatioon et groupe ont semble-t-il , malheureusement , aujourd’hui disparu.

Il a écrit de très nombreux ouvrages et textes en occitan , a traduit des contes d’Henri Pourrat , a collaboré à différentes revues et journaux.

Il est décédé en 1991 dans le Cantal où il s ‘était retiré , à Roffiac village de son épouse .

De nombreux membres d’Auvergne de Lyon l’ont connu et ont pu apprécier cet homme de très grande valeur.

SITE INTERNET Célestin DELRIEU – SAINT-EXUPERY – GC III/6 (3/6)

 

                                                                    LES CHAUSSETTES ROUGES DE PIERRE CÉLESTIN DELRIEU 

                                              EXTRAIT DU JOURNAL LA PROVENCE DU 27 DÉCEMBRE 2018 

 

Dans la mémoire de cet honorable grand-père de presque 102 ans (il les aura le 27 mars prochain), trotte un drôle de souvenir, une histoire cousue de laine rouge. Elle se déroule pendant la Première Guerre mondiale autour d’un équipage de sept soldats à bord d’un Bombardier Halifax.

 Parmi ces militaires engagés, il y avait, Honoré Lebedel qui séjourne aujourd’hui au sein de l’ORPEA Marignane Résidence.
C’est sa fille qui a joué les passeurs de mémoire en confiant à l’animatrice de la résidence un livre intitulé « Feu du ciel, feu vengeur » écrit par un coéquipier d’Honoré, Pierre Delrieu.Tous les deux, ont officié à bord de ce bombardier pour conduire des raids aériens sur l’Allemagne.

Et dans ce récit, il est effectivement question d’une chaussette rouge, ou plutôt de deux paires de chaussettes en laine rouge, lie de vin !

Tout se passe dans la salle des équipements. Avant chaque départ en mission, une petite cérémonie, qui ferait sourire aujourd’hui, est vite devenue un véritable rituel pour les sept bombardiers.

Voilà comment Pierre Delrieu raconte dans ces écrits cette anecdote. Cette petite cérémonie deviendra « la règle protocolaire sans laquelle l’équipage n’aurait pas pu partir. Le maître de cette cérémonie – à ne pas confondre avec le « Master Bomber » qui officiait sur l’objectif – était notre radio, le sergent-chef Lebedel. D’une conscience professionnelle totale dans son travail, mais pince -sans-rire à ses heures, Lebedel avait remarqué un jour, à Dumfries, que je portais des chaussettes rouges et il s’était exclamé avec un gros éclat de rire : « Mais vous portez des chaussettes rouges ! « .

« Oui, je portais des chaussettes de laine rouges, d’un rouge criard, lie de vin… » confirme l’ancien bombardier Pierre Delrieu.

 En grosse laine marocaine

Il explique qu’avant son départ de Rabat, sa femme avait pris la sage précaution de lui préparer des lainages chauds, et avait commandé deux paires de chaussettes à une tricoteuse espagnole, sans en préciser la couleur… « Le résultat n’était pas fameux du point de vue esthétique, mais les chaussettes étaient en grosse laine marocaine et c’était là l’essentiel ! Dans les bottes de vol, elles ne se voyaient pas ».

Étonné et amusé, Honoré Lebedel, notre Marignanais, avait décrété un jour à Lossiemouth, que ces chaussettes peu communes seraient la mascotte de l’équipage…

« Après tout, pourquoi pas? Et, depuis lors, il vérifiait à chaque habillage que je portais bien les chaussettes lie-de-vin. Il m’avait recommandé de ne pas les oublier avant mes vols au squadron 347… Et, ce 21 novembre, il venait pour notre premier départ, de soulever le bas de mon pantalon et de déclarer, non sans dignité : « Le bombardier, conformément aux King’s Régulations, a revêtu ses chaussettes rouges ».

Et c’est ainsi que ces chaussettes rouges feront sur l’Allemagne, autant de missions que le bombardier Pierre Delrieu…

« Heureusement, j’en avais deux paires, l’une pour changer l’autre… Une seule paire, d’ailleurs, aurait-elle tenu toute la campagne ?

La guerre finie, les chaussettes du bombardier sont devenues objet de musée…

La première paire, déchiquetée par les éclats de la Flak, a été réformée, perdue aux vents des altitudes. La deuxième, favorisée par la chance, avait moins souffert de la guerre. « Elle avait sans doute la « baraka » s’exclame l’auteur.

Elle a été, plus tard, partagée en parties inégales au bombardier la plus grosse part, la chaussette gauche. La droite a été avec grand soin découpée en six parties, qui ont été tirées au sort et confiées chacune à l’un des six autres membres de l’équipage… pour être transmises à la postérité.

Bien des années plus tard, les deux fils de Pierre Delrieu en déménageant la maison de leur père, ont découvert dans le grenier, la fameuse chaussette.

À partir de ce jour, les fils Delrieu n’ont eu de cesse de retrouver les six autres membres de cet équipage qui avaient choisi comme porte-bonheur, les fameuses chaussettes rouges de leur père !

Après de longues années de recherche, ils finissent par rencontrer à Marignane Résidence le dernier des survivants, Honoré Lebedel, 101 ans.

Honoré a reçu en main propre, ce bout de laine tricotée. Cela lui rappela avec émotion qu’au milieu de l’adversité de la guerre, avec ses six autres camarades, ils avaient tissé des liens indéfectibles d’amitié et de courage qui lui ont encore une fois réchauffé le coeur.

Et c’est là, sur son coeur qu’il a posé cette dernière chaussette rouge. Une survivante, comme lui.

 

 

EGLISE DE SAINTE MARIE

 

2 Responses to Pierre Célestin DELRIEU , Auvergnat , Professeur , Félibre , Ecrivain , Aviateur

  1. Guy DUCEPT
    1 février 2024 at 12 h 06 min

    Vous fûtes, Monsieur DELRIEU, mon Professeur de Français à l’E.P.A. en classes de 3eme et seconde. Je vous remercie pour tout ce que vous m’avez appris et pour les valeurs que vous m’avez inculquées. Je possède et garde précieusement « Feu du ciel feu vengeur », qui porte votre dédicace à un Commandant-Compagnon d’armes, à Roffiac le 19 février 1985.

  2. SEILLIER Claude
    1 février 2024 at 12 h 11 min

    Merci René pour cet envoi.
    Effectivement M. Delrieu que j’ai eu comme professeur de français à l’EPA durant deux ou trois ans était également un très grand ami de mon père.
    L’accent un peu rocailleux qu’il avait conservé de ses origines arvernes ajoutait à sa bonhommie. Les sachant liés à l’Aveyron, il faisait participer mes parents à l’amicale des arvernes de Grenoble.
    L’officier de l’A.A.E que je suis ne peut pas ne pas avoir lu son ouvrage « Feu du Ciel – Feu vengeur » .
    Taillé comme un rugbyman aimait se balancer sur sa chaise pendant les cours. Un jour, alors que nous faisions une dictée, la tête penchée sur nos copies, nous avons entendu un bruit assourdissant. Levant la tête, nous nous aperçûmes que le professeur avait disparu : sa chaise venait de casser et lui de disparaître sous son bureau. A plusieurs nous nous sommes précipités pour le secourir : assommé il mit un certain temps pour revenir à lui. Mais taillé comme un rugbyman, sitôt redressé et assis sur une chaise de la classe, il reprit la lecture de la dictée.
    On ne peut pas oublier monsieur Pierre Célestin Delrieu, qui fut un professeur fort humaniste et aimé – comme beaucoup de professeurs de l’époque à l’EPA;
    Merci René, pour l’évocation de ce professeur de qualité derrière lequel se cachait un grand soldat de beaux souvenirs.
    C.S.

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