Tiens ! Tiens !

Le journal de Tournon du 20 janvier 1889

Réforme de l’orthographe.


M. Félix Hément, un savant très authentique,
est dégoûté, lui, des embarras orthographiques
que nous rencontrons pour
écrire la langue française. — Frédéric
Passy, fils, a commencé une campagne
malheureuse, il y a deux ans, pour modifier
notre orthographe ; Félix Hëment me paraît
la continuer, sera-ce avec plus de succès,
il est permis d’en douter.
L’idéal, c’est de supprimer toutes les
attaches latines ou grecques qui encombrent
notre orthographe; et d’écrire les
mots tels qu’on les prononce ; par exemple
, nous écririons filosof comme vous
voyez, et pourço pour désigner le compagnon
de Saint-Antoine.
Paris se demande ce que Félix Hément
vient faire dans cette galère, et, ma foi,
Paris n’a pas tort ; certes, il n’est pas
ennemi de la nouveauté, à n’importe quel
point de vue, mais faut-il encore que celleci
ne soit pas trop baroque.
Ah ! « Messieu Félix Ement, votre gramer
n’ora ocun Filologue com aprobateur,
é vou Forez çianman, cen ésitation, cen
remor, voulu mci.
Grand bien vous fasse, cher savant,
quant à moi, je m’en tiendrai, longtemps
encore à l’orthographe de Racine, de Corneille
et de Voltaire.
Que voulez-vous, l’homme n’est pas
parfait !

Félix Hément était Inspecteur général de l’instruction publique .

Frédéric Passy était économiste et homme politique.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *